C'est Lewis Carroll qui se demandait
via Alice: « À quoi peut bien servir un livre sans
images, ni dialogues ? » et affirme ainsi l'importance de
l'image dans le livre pour enfant, bien cela n'ait pas toujours été
le cas. À force de voir tout ces livres adaptés en films ou en
dessin animés j'ai fini par me demander quel était le rapport à
l'image que nous pouvons avoir? Avons nous besoin de voir les choses?
Ne sommes nous pas capable de nous servir uniquement de notre
imagination? Qu'apporte l'image à l'histoire?

Les
albums Pleine
Lune
et Plein
Soleil
d'Antoine Guillopé avec des illustrations découpées, un travail
d'orfèvre qui fait de ces albums des bijoux de papier.
Il
associe texte et images afin d’élaborer une œuvre de fiction.
L’illustration n’est plus seulement un simple ornement, elle
intervient de plus en plus dans le traitement du texte et parfois le
remplace complétement. Les techniques des illustrateurs sont donc de
plus en plus perfectionnées et sont de plus en plus originales.
L'illustration jeunesse à plusieurs but et plusieurs fonctions. Les
images peuvent être interprétées et ce différemment selon les
personnes, l'histoire peut alors changer alors que le texte ne permet
pas cette multiplicité. L'image a aussi une fonction esthétique,
selon Jocelyne Beguery l'esthétique tient une part importante chez
l'enfant, l'initiation au beau et à l'art qui se fait aussi par
l'intertextualité et les références à l'Art, est important pour
la construction de l'enfant, l'image n'est pas juste une illustration
du texte elle a une valeur artistique et esthétique. Ce que les
enfants retiennent avant tout c'est l'image car le texte ils ne le
comprennent pas encore. Pas besoin de savoir lire pour se raconter
des histoires, car les illustrations de ces albums sont tout aussi
parlante, aussi lisible que le texte. On a donc aussi une valeur
pédagogique de l'image ou sans texte l'enfant peut comprendre par
lui même des valeur éducatives ou pédagogique. Toutefois, la
capacité d'interprétation et de compréhension d'un enfant est
évidemment moins développée que celle d'un adulte, il est donc
important pour l'adulte de faire le lien avec le texte afin que les
stéréotypes ou idées principales véhiculées par les
illustrations ne soit pas mal interprétées. Si l'image est
importante pour la construction de l'enfant, l'imagination et la
construction d'une culture « artistique », le texte reste
l'agent premier d'une histoire et l'image un ajout, important et
nécessaire certes, mais aussi comme le disent les ateliers de
travaux manuels impliquant des ciseaux: « sous la
supervision d'un adulte »...
L'image
de la littérature adolescente perd de ses couleurs et se retrouve
généralement cantonné en début de chapitre elle n'a plus autant
cet aspect ludique ou artistique mais elle est là pour aider dans
leur compréhension les jeunes lecteurs qui pourrait avoir du mal à
se figurer à quoi ressemble la cabane du clan des sept ou à quoi
ressemble ce lapin blanc habillé d'un veston, c'est un petit coup de
pouce pour des lecteurs encore hésitants.
Dans
la littérature dite adolescente l'image disparaît complètement au
grand dam de certains lecteurs dont j'ai fait partit et qui se
demandait à quoi donc pouvait bien ressembler du quidditch? La
frustration ressentie par cette absence d'image était si importante
qu'avec mes camarades nous avions de longue discussion agrémentées
de croquis pour essayer de sortir de notre imagination quelque chose
de cohérent. Tout c'est éclairci lorsque le film est sorti. De
nombreux livres jeunesse ont ensuite été adaptés grâce au succès
de Harry Potter, notamment Eragon, le Seigneur de Anneaux ou plus
récemment Hunger Games, est-ce ce besoin de réponses, sur des
univers généralement différents du notre qui pousse les gens à
aller voir ces adaptations? L'imagination ne fait pas tout et le
besoin de l'image ne disparaît pas une fois que l'on sait lire.
Il
est étonnant de remarquer que plus les années passe moins l'ont
semble avoir besoin d'image dans un livre, pourtant il en reste une
qui garde son importance et qui fait mentir le conseil « on ne
juge pas un livre à sa couverture. » car au contraire une fois
que l'image disparaît de l'intérieur du livre c'est elle qui prend
toute son importance. A l'origine simplement utilitaire elle permet
maintenant de pouvoir reconnaître le livre et surtout entre en
grande partit dans le choix du livre du lecteur. L'illustration est
le lien entre l'histoire et le jeune lecteur et la couverture le lien
en le livre et le lecteur adulte, si c'est un procédé marketing il
fonctionne en tout cas très bien. Qui n'a jamais été rebuté par
un pavé avec un titre vague et une couverture blanche? La couverture
possède une importante fonction de synthèse, qui est un véritable
résumé illustré de l’intérieur du livre.
Quoiqu'on puisse en penser ou en dire
l'image est indispensable à notre lecture et à notre analyse de
l'œuvre que l'on soit petit ou grand et avec les bijoux
d'inventivité et de technique que déploient les illustrateurs il
serait vraiment dommage de s'en priver.