samedi 28 avril 2012

L'importance de l'image dans la littérature




C'est Lewis Carroll qui se demandait via Alice:  « À quoi peut bien servir un livre sans images, ni dialogues ? » et affirme ainsi l'importance de l'image dans le livre pour enfant, bien cela n'ait pas toujours été le cas. À force de voir tout ces livres adaptés en films ou en dessin animés j'ai fini par me demander quel était le rapport à l'image que nous pouvons avoir? Avons nous besoin de voir les choses? Ne sommes nous pas capable de nous servir uniquement de notre imagination? Qu'apporte l'image à l'histoire?


L'album jeunesse est le premier rapport que chacun a avec la lecture, en plus d'être un objet adapté à l'enfant, il est devenu au fil des ans ce qu'on peut appeler un beau livre, en effet l’album de littérature jeunesse est devenu un livre complexe, un genre à part, voire même une véritable œuvre d’art.






 Les albums Pleine Lune et Plein Soleil d'Antoine Guillopé avec des illustrations découpées, un travail d'orfèvre qui fait de ces albums des bijoux de papier.






Il associe texte et images afin d’élaborer une œuvre de fiction. L’illustration n’est plus seulement un simple ornement, elle intervient de plus en plus dans le traitement du texte et parfois le remplace complétement. Les techniques des illustrateurs sont donc de plus en plus perfectionnées et sont de plus en plus originales. L'illustration jeunesse à plusieurs but et plusieurs fonctions. Les images peuvent être interprétées et ce différemment selon les personnes, l'histoire peut alors changer alors que le texte ne permet pas cette multiplicité. L'image a aussi une fonction esthétique, selon Jocelyne Beguery l'esthétique tient une part importante chez l'enfant, l'initiation au beau et à l'art qui se fait aussi par l'intertextualité et les références à l'Art, est important pour la construction de l'enfant, l'image n'est pas juste une illustration du texte elle a une valeur artistique et esthétique. Ce que les enfants retiennent avant tout c'est l'image car le texte ils ne le comprennent pas encore. Pas besoin de savoir lire pour se raconter des histoires, car les illustrations de ces albums sont tout aussi parlante, aussi lisible que le texte. On a donc aussi une valeur pédagogique de l'image ou sans texte l'enfant peut comprendre par lui même des valeur éducatives ou pédagogique. Toutefois, la capacité d'interprétation et de compréhension d'un enfant est évidemment moins développée que celle d'un adulte, il est donc important pour l'adulte de faire le lien avec le texte afin que les stéréotypes ou idées principales véhiculées par les illustrations ne soit pas mal interprétées. Si l'image est importante pour la construction de l'enfant, l'imagination et la construction d'une culture « artistique », le texte reste l'agent premier d'une histoire et l'image un ajout, important et nécessaire certes, mais aussi comme le disent les ateliers de travaux manuels impliquant des ciseaux:  « sous la supervision d'un adulte »...
L'image de la littérature adolescente perd de ses couleurs et se retrouve généralement cantonné en début de chapitre elle n'a plus autant cet aspect ludique ou artistique mais elle est là pour aider dans leur compréhension les jeunes lecteurs qui pourrait avoir du mal à se figurer à quoi ressemble la cabane du clan des sept ou à quoi ressemble ce lapin blanc habillé d'un veston, c'est un petit coup de pouce pour des lecteurs encore hésitants.

Dans la littérature dite adolescente l'image disparaît complètement au grand dam de certains lecteurs dont j'ai fait partit et qui se demandait à quoi donc pouvait bien ressembler du quidditch? La frustration ressentie par cette absence d'image était si importante qu'avec mes camarades nous avions de longue discussion agrémentées de croquis pour essayer de sortir de notre imagination quelque chose de cohérent. Tout c'est éclairci lorsque le film est sorti. De nombreux livres jeunesse ont ensuite été adaptés grâce au succès de Harry Potter, notamment Eragon, le Seigneur de Anneaux ou plus récemment Hunger Games, est-ce ce besoin de réponses, sur des univers généralement différents du notre qui pousse les gens à aller voir ces adaptations? L'imagination ne fait pas tout et le besoin de l'image ne disparaît pas une fois que l'on sait lire.
Il est étonnant de remarquer que plus les années passe moins l'ont semble avoir besoin d'image dans un livre, pourtant il en reste une qui garde son importance et qui fait mentir le conseil « on ne juge pas un livre à sa couverture. » car au contraire une fois que l'image disparaît de l'intérieur du livre c'est elle qui prend toute son importance. A l'origine simplement utilitaire elle permet maintenant de pouvoir reconnaître le livre et surtout entre en grande partit dans le choix du livre du lecteur. L'illustration est le lien entre l'histoire et le jeune lecteur et la couverture le lien en le livre et le lecteur adulte, si c'est un procédé marketing il fonctionne en tout cas très bien. Qui n'a jamais été rebuté par un pavé avec un titre vague et une couverture blanche? La couverture possède une importante fonction de synthèse, qui est un véritable résumé illustré de l’intérieur du livre.
Quoiqu'on puisse en penser ou en dire l'image est indispensable à notre lecture et à notre analyse de l'œuvre que l'on soit petit ou grand et avec les bijoux d'inventivité et de technique que déploient les illustrateurs il serait vraiment dommage de s'en priver.

vendredi 27 avril 2012


« Quand je serai grande…je serai « résolveuse » de mystères ! »

Ou la littérature policière pour enfants





 


     Dans la littérature pour enfants, associés aux romans policiers à proprement parlé, nous retrouvons les romans d’aventures où se mêlent enquête policière et mystère. Il est vrai que les mots « enquête » et « police » peuvent inquiéter les parents, mais après tout, qui n’a jamais rêvé de mener l’enquête, de faire justice et d’arrêter les méchants ? Ce ne sont pas les papas…mais aussi les mamans qui nous contrediront ! Car, oui, résoudre des mystères n’est pas un rêve exclusivement réservé à nos schtroumpfs, nos schtroumpfettes veulent aussi mener l’enquête. Bien que l’idée d’enquête puisse avoir une connotation négative avec l’actualité de nos journaux, en parallèle avec la violence, voire même la mort, pour nos chères têtes blondes élucider un mystère, rechercher des preuves, partir sur les traces d’un méchant,  rime avec excursion, observation, constatation, réflexion, déduction et bien sûr, résolution ! Je pense que nous pouvons voir alors dans la littérature de jeunesse policière, une arme absolue…pour le développement intellectuel de nos bambins héroïques.


     Certaines maisons d’édition ont compris l’intérêt porté par les enfants pour les aventures policières mais aussi leurs bénéfices pour eux et ont développé des collections consacrés aux romans d’aventures pour enfants.

     Ainsi la maison d’édition Hachette avec sa collection La Bibliothèque rose créée en 1856 puis La Bibliothèque verte propose un certain nombre de livres pour enfants mêlant enquête et aventure, pour la plupart, surtout dans la sous-collection Les Classiques de la Rose, et faisant la part belle aux aventurières en jupons :

Fantômette, le Club des Cinq, le Clan des Sept, les Six Compagnons, Alice.



 Ces séries existent, pour la plus ancienne, le Club des Cinq, depuis 1955 mais elles sont toujours éditées et ont toujours du succès. Nous, parents, pouvons voir ces livres comme un héritage de la littérature policière pour enfants.

          







          Voici donc une héroïne comme les petites filles aimeraient être : Fantômette est une aventurière masquée, capable de résoudre les énigmes les plus compliquées. Le jour, elle est une simple écolière, la nuit, elle devient Fantômette, la terreur des malfaiteurs… Ce lutin masqué plein d’énergie a été créé par Georges Chaulet et s’adresse à nos jeunes aventurières entre 10 et 12 ans.

Ce genre littéraire est bénéfique pour les jeunes filles, peut-être encore plus que pour les garçons, car cela leur montre qu’être une fille n’est pas pour autant synonyme de faiblesse, stéréotype encore très ancré. Ces deux amies sont également des filles et à elles trois rassemblent toutes les physionomies qu’une jeune fille peut avoir, aussi porteuses de complexes qu’elles puissent l’être : Françoise alias Fantômette, un peu garçon manqué ; Boulette, jeune fille rondelette qui mange tout le temps et Ficelle, d’une maigreur maladive, avec peu de jugeote.

Au-delà de l’aventure, cela apprend la tolérance, la réflexion et le sens de l’amitié, éléments importants pour la construction de l’enfant. 



Mais cette aventurière en herbe peut paraitre peu réaliste pour nos enfants, elle permet donc de les faire rêver à des événements qui savent ne pouvoir se produire. En revanche, d’autres auteurs ont mis en scène des enfants comme les nôtres, qui vont à l’école, qui ont des parents qui leurs interdisent comme nous des choses, et qui ont subi les désagréments de la vie, comme cela peut arriver. Des enfants comme les nôtres, dans des aventures pas comme les autres… voilà ce que recherchent nos enfants, mais nous aussi en tant que parents, une façon de laisser rêver nos enfants dans un cadre structuré et rassurant.





Claudine et ses cousins, Annie, François et Mick et le chien Dagobert forment le club des cinq. Ensemble, ils sont toujours prêts à mener l’enquête ! Et rien ne peut les arrêter…


Pierre et ses amis on créé une société secrète, avec un mot de passe et un local de réunion. Toujours à la recherche d’aventures palpitantes, les Sept adorent résoudre des enquêtes mystérieuses…



Les six compagnons (anciennement Bibliothèque verte) sont six jeunes garçons lyonnais confrontés à des escrocs et des voleurs. Aidés de leur chien Kafi et de leur amie Mady, ils arrivent à percer de nombreux mystères.



Ces deux premières séries d’aventures ont été créées par Enid Blyton et s’adressent aux 10-12 ans tandis que la série des Six Compagnons a été écrite par Paul-Jacques Bonzon et touche la même tranche d’âges.

Ces trois séries ont plusieurs points communs. Tout d’abord, il n’y a pas un héros mais des héros. C’est un élément très important car, avec un héros, il est parfois difficile à un enfant de s’identifier. Ainsi dans un groupe, il y a des personnalités différentes des lesquelles chacun peut se représenter. L’effet de groupe est également un point très positif car cela apprend à l’enfant que les autres sont importants, qu’il n’est pas unique (sauf aux yeux de ses parents, bien entendu…). Toutes les idées sont différentes et ne sont pas pour autant ni bonnes, ni mauvaises. Chacun a un rôle particulier. De plus, la place est faite aux filles dans chacune des séries : Claudine dans le Club des Cinq est un garçon manqué qui ne répond que quand on l’appelle Claude tandis qu’Annie est la plus jeune et la plus froussarde du groupe. Dans le Clan des Sept les filles sont représentées par Jeanne, Babette et Pam. Une quasi équité ce qui permet à ces histoires de toucher tous les lecteurs en herbe. Enfin,  dans les Six Compagnons, Mady est la seule fille du groupe mais a un rôle important grâce à ses intuitions. Autre élément primordial de ces séries : leur fidèle compagnon à quatre pattes ! Moustique, Dagobert et Kafi. Ils ont un rôle à part entière et paraissent indispensables aux romans de ce genre, mais également aux enfants. Ils sont rassurants, forts, ils protègent et aiment jouer. Le compagnon idéal…qui nous rassure quand nos enfants sortent !




Pour passionner nos petites aventurières en jupons, mais aussi nous rassurer, nous, parents, de l’influence d’une lecture sur l’avenir de notre progéniture, Caroline Quine a créé Alice, jeune détective de choc, qui se lance dans des enquêtes toujours trépidantes, quitte à affronter des adversaires malhonnêtes et dangereux mais qui est aussi une élève studieuse, respectueuse de son père, James Roy, un avocat  reconnu dans sa ville et  ayant une relation très forte avec  lui
depuis le décès de sa mère à l’âge de trois ans. Elle a également une grande affection pour la gouvernante au service de la famille depuis toujours, Sarah. Pour compléter le tableau, Alice est décrite comme une jolie jeune fille blonde et mince, intelligente et débrouillarde de dix-huit ans. De plus, comme dans toutes les séries d’aventures policières pour enfants, Alice est aidée de ses deux fidèles Bess Taylor, une peu boulotte et qui a toujours faim (ce qui n’est pas sans rappeler Boulotte, dans Fantômette…) et de Marion Webb, sportive et n’ayant peur de rien. Bien que n’étant présent dans chacune des aventures, elles sont parfois aidées de leurs trois chevaliers servants Ned, Daniel et Bob. Quoi de mieux pour faire rêver les jeunes filles en quête d’aventures ? Les romans d’Alice se déroulent toujours sur une même ligne : Alice ne cherche pas le mystère, c’est le mystère qui la trouve. Elle a une réputation de détective dans sa ville ce qui amène les gens à lui demander de l’aide ou bien à la proposer. Dans Alice et le chandelier, Alice aide une jeune fille, Peggy Bell, terrorisée par ses employeurs. Alice va nous emmener au cœur d’une histoire de famille et d’héritage accompagnée de ses amies. Tout est réuni ici : suspense, dynamisme, de grands méchants et de charmantes détectives, des indices donnés au compte goutte pour faire réfléchir nos petites enquêtrices… Elles peuvent se croire les amies d’Alice ou bien s’identifier à elle et ainsi résoudre des mystères de haut-vol !



     La lecture de livre policier et surtout de série policière est donc une phase importante dans le plaisir de lire chez nos lecteurs et lectrices débutants. Cette lecture leur permet de lire et de réfléchir, de faire un jeu de déduction tout en développant leur vocabulaire. Pour nous, parents, que demander de mieux à des livres que d’aider nos enfants à grandir et à rêver.





C. H-L




 


    

            










         


                                                                             












    

mercredi 25 avril 2012

La Bande Dessinée

"La Bande Dessinée c'est se souvenir " Chris Ware



La Bande Dessinée ( BD) appellée Neuvième Art est un moyen d'expression à part entière avec ses codes, son langage, ses modes de récits qui permet à chacun de se plonger dans un monde imaginaire narré et dessiné.

La BD doit être considérée comme un moyen de construction culturelle et intellectuelle, car ce ne sont pas de simples bulles et des gribouillages, il se cache dans un album un travail de longue haleine : il faut créer un scénario, les planches doivent chacunes accrocher le lecteur et l'amener à tourner la page. Il faut suggérer le mouvement, le son et le temps par un phénomène de transposition mentale chez le lecteur pour qu'il soit totalement pris par l'histoire. Mais une BD c'est aussi le choix d'être soit réservé à un public spécifique, soit être ouvert à tout public c'est-à-dire jeunes, adolescents, adultes.

A La Madeleine nous nous intéressons surtout à la jeunesse, nous nous arrêterons donc sur les BDs tout public et il faut se demander comment la Bd participe à la construction de l'imaginaire de l'enfant, et comment la BD peut toucher un public très large.

Ces BDs ne sont ni naives, ni d'une extrême violence mais elles permettent à chacun de rire et de se laisser aller dans un univers imaginaire.

Prenons l'exemple du Journal de Spirou, c'est un magazine édité par Dupuis, et publié chaque mercredi. Les auteurs et leurs histoires alternent créant ainsi l'attente et le désir de lire la suite quinze jours plus tard. Ce magazine est destiné à tout le monde, les BDs que l'on trouve dedans abordent des thèmes de sociétés ( Grossesse, avortement dans Tamara) ou s'attèlent à nous plonger dans un monde d'héroi-fantasy( Aria).
On y trouve tout ce qui compose un magazine classique : un " Eddy Tôt ", un sommaire, des interviews de personnalités, des lettres et des questions de lecteurs, et une BD Boutik annonçant les dernières BDs publiées avce avis et notes.

On a donc la forme d'un magazine pour adultes où cependant tout est dessiné permettant ainsi l'appropriation par petits et grands.

Penchons nous plus précisément sur les histoires du magazine et leurs analysent.
Les auteurs utilisent souvent des enfants comme héros ( Tamara, Spirou, Rebecca ) et si aucun enfants n'est présent les adultes héros permettent aux enfants de voir comment ils agissent .
Les adultes dans le magazine sont une projection de ce que l'enfant peut devenir, ils reflètent des situations, des paroles que les enfants et les adultes ont vécus ou pourront vivre :

                                       -Divorce des parents, garde alternée ( Ernest et Rebecca )


-La Grossesse avec Tamara
                                 - Difficultée à trouver du travail ( Le chômeur et sa belle )



De plus l'intéraction entre les personnages reflète les enjeux du scénario mais aussi des situations que l'on peut vivre tout les jours le tout accompagné par un dessin qui caricature la situation pour faire rire.


Dans une planche du Petit Spirou on nous raconte que Spirou s'entraîne à la course car il va recevoir son bulletin et que s'il n'est pas bon sa mère va lui courir après avec une tapette à tapis!

L'enfance est présente partout dans le magazine et surtout présente en chacun de nous comme le dit
Guillaume Bianco auteur d' Ernest et Rebecca : " L'enfant de sept ans est encore en nous et l'adolescent aussi! (...) l'enfance est une période tellement fondatrice où toute notre personnalité se constitue."
L'enfance se construit autour de mythes et d'images créatrices, lorsque l'on lit de la bande dessinée on se plonge dans un imaginaire dans lequel on suit des héros dans des aventures fantastiques. La personnalité de l'enfant se construit à partir d'outils extérieurs mais qu'en est-il des adultes qui lisent des BDs ? Un adulte est une personnalité déjà construite, bien que toujours en construction, à quoi donc servent les lectures de BDs ?
Peut-être est-ce une simple distraction, on s'immerge dans une bulle imaginaire pour échapper au quotidien, à la réalité; ou peut-être qu'on continue à lire avec le même désir enfantin, dans un esprit de découverte et d'émerveillement où tout semble possible ?
Dans une BDs on trouvera des héros au courage extraordinaire faisant face à des missions périlleuses et sans doute espérons nous pouvoir à notre tour être le héros de notre propre vie.

La BD n'est pas qu'une simple récréation pour adultes en manque d'adrénaline, elle est une voie de communication avec notre être intérieur, une reconnection avec notre enfance et notre imaginaire.
Elle permet à chacun de s'ouvrir à un champ artistique ouvert, libre où se créent chaque jour de nouveaux rapports aux normes et à la découverte.




B.L





« Quand je serai grand… je serai policier ! »
ou la littérature policière pour enfants

             
            La grande constatation  des cours de récré est que beaucoup d’enfants veulent devenir policiers. Influencés par les films, les dessins animés (Inspecteur Gadget), les jeux (Cluedo) et bien sûr les livres, nos chères petites têtes blondes rêvent d’être des héros et mettre les méchants hors d’état de nuire. Menottes, revolver et compagnie, voilà un attirail qui fait briller leurs yeux. De nos jours, on remarque de plus en plus que l’enfant aime être au cœur de l’histoire, se sentir indispensable au dénouement de l’intrigue, et tout cela,  le monde de  l’édition l’a bien compris. Désormais, la plupart des grandes maisons d’édition ont une ou plusieurs collections dédiées au policier, et certaines réalisent dans ce domaine la majeure partie de leur activité comme Mini Syros ou encore Rageot :




        Le policier : une lecture pour l’enfance ? Bien sûr que non me direz-vous… Et pourtant, le genre policier en littérature de jeunesse existe bel et bien, et ce n’est pas pour déplaire à nos détectives en herbe ! Certaines personnes pensent qu’introduire le genre policier auprès de jeunes enfants est une mauvaise idée. Il est vrai que le « polar » revêt souvent des connotations négatives, liées à ses choix stylistiques, à une langue jugée trop familière ou à son goût du glauque et du morbide. Ce genre apparaît alors trop violent pour des jeunes lecteurs. Cependant, le genre policier concerne également l'enfance car, au-delà de stéréotypes de surface, il atteste un authentique travail artistique qui crée un changement de cadre et éloigne les événements narrés de la réalité. En effet, le fait divers relaté dans la presse n'a pas le même impact qu'un événement similaire mis en scène dans un roman. Le traitement de la violence dans la littérature policière pour enfants est donc spécifique : il s’agit de ménager la sensibilité des enfants tout en conservant le sens du frisson.
 
Dans Les Doigts rouges de Marc Villard par exemple (l'un des romans policiers de la liste de référence des programmes du cycle 3 dans le cadre du CRPE), le méfait est a priori présenté comme un crime sordide mais il s’agit en réalité  d’un fait banal. Le protagoniste, Ricky, soupçonne son grand frère d’avoir commis un crime horrible en voyant ses doigts couverts de sang. Mais les doigts de son frère ne sont en fait que tâchés par de la peinture rouge qui a servi à préparer le cadeau d’anniversaire (un vélo) du protagoniste.

 


 


Dans Qui a tué Minou-Bonbon ? de Joseph Périgot, un vieux matou a été lâchement assassiné ; mais Nico va mener l’enquête pour que le meurtre de son ami ne reste pas impuni. Malgré le genre du livre, cette histoire présente de la douceur grâce aux connotations sucrées du nom du chat notamment. Le récit se focalise sur la recherche du coupable sans trop s’attarder sur la victime.
           
           
  Ces deux exemples permettent de voir que  la littérature de jeunesse « recrée » le genre policier en l’adaptant aux enfants. En effet, c’est en mobilisant des traits spécifiques, comme la douceur et la sucrerie, les victimes animales, les enfants détectives et les faux méfaits que la littérature de jeunesse parvient à relever le pari de proposer aux enfants un sujet qui semble, à la base, destiné aux plus grands.
           


            De plus, la lecture du roman policier se présente comme une leçon pour « grandir ». Ainsi, comme les contes de fée, le policier oblige le lecteur à attendre, apprendre à patienter pour ne pas céder aux principes de l’immédiateté de la lecture afin de mieux s’inscrire dans la réalité du texte. Le jeune lecteur peut également s’identifier au héros de l’histoire qui ne cède pas à ses premières impressions. On peut ajouter que le roman policier pour enfants ne craint pas d'utiliser l'humour ainsi que l'ironie qui est  une véritable leçon de distanciation pour le lecteur. Enfin, ce genre de livres permet à l’enfant de grandir car il rappelle souvent les romans d’initiation qui aident le lecteur par projection dans sa quête d’identité. Quant aux énigmes du roman policier, elles obligent l’enfant à déduire les choses et à faire des raisonnements hypothétiques.

Dans Le Gang des petits-suisses de Gérard Moncomble, des habitants  se demandent qui a bien pu voler tous les petits-suisses du quartier. L'enquête est alors confiée à Félix File Filou. Et nous aussi, nous cherchons avec lui. Il s’agit d’un livre contenant du suspens et de l'humour qui plaît aux enfants dès 6 ou 7 ans. Le nom du détective, composé d’un jeu de mots, est plutôt attachant et drôle, et cela montre que le méfait n’a été réalisé que par des petits « filous » et non de véritables criminels.


 



Dans Cœur de pierre de Philippe Borin, les jeunes lecteurs sont témoins d’un vrai crime ce qui rend le livre plus noir. L’originalité du récit réside dans le fait que le narrateur est l’arme qui a servi au crime : une pierre. Cette pierre est ensuite ramassée par des enfants qui aideront à la résolution de l’enquête.
         







Enfin, intéressons-nous plus particulièrement à l’ouvrage Le Professeur a disparu de Jean-Pilippe Arrou-Vignod. Ce roman, paru pour la première fois en 1989, raconte l’histoire de trois collégiens qui, après avoir remporté un concours, partent pour  un séjour à Venise. Accompagnés de leur professeur M. Coruscant, ils prennent le train pour l’Italie. Mais en pleine nuit, le professeur disparaît mystérieusement…Les trois jeunes héros se lancent à la poursuite des ravisseurs. Commence alors une course poursuite pleine de rebondissements et de faux semblants qui les conduit de la découverte d’un message codé à celle d’un trafic d’œuvre d’art. Cet ouvrage est tout à fait approprié à notre sujet de par l’originalité de l’écriture du roman « à trois voies narratives » qui lui donne un style fluide et agréable. De plus, l’humour omniprésent rend le récit dynamique. Ainsi, ce roman permet aux élèves de cycle 3 d’entrer dans le genre policier à travers un récit d’aventure. Cet ouvrage est le premier tome d’une série d’aventures. Cela permet de donner aux enfants le goût de la lecture en série.
             Le Professeur a disparu s’inscrit dans un des sous-genres du roman policier : le roman d’aventure à intrigue policière. L’intrigue s’organise autour de la découverte d’un message secret laissé dans le train que les trois héros vont tenter de déchiffrer. La spécificité de ce genre policier est que le jeune lecteur se retrouve dans la peau de l’enquêteur et donc se plaît à jouer le rôle du détective-amateur car ‘identifie aisément aux personnages. Ce qui surprend c’est que l’auteur a construit son récit sur un faux méfait (l’enlèvement de M. Coruscant) dont le lecteur reste dupe jusqu’au dévoilement final. L’autre spécificité de ce genre est qu’il a recours à des scènes-types (filature). Ici, les enfants se retrouvent seuls dans l’univers de Venise, ville mystérieuse et labyrinthique où l’on peut aisément se perdre. L’ambiance autour du carnaval, des bals masqués renforce le côté énigmatique et mystérieux. Le recours au suspense et le rythme de l’enquête peut donner au jeune lecteur le goût du mystère.
            De plus, la « narration puzzle » sert à l’avancement de l’enquête. En effet, les personnages deviennent à tour de rôle des narrateurs-personnages suivants les chapitres. On parle de récits successifs car l’on découvre chaque étape du récit à travers leur regard respectif : sous la forme d’une lettre pour Mathilde, d’un journal de bord pour Rémi et d’un journal intime pour Pierre-Paul. Cela donne une impression de puzzle au récit car les avancés de l’enquête se précisent grâce à cette variation des points de vue qui apportent un surplus d’information. La difficulté pour le jeune lecteur est d’épouser provisoirement le point de vue de tel ou tel personnage puis de concilier les points de vue.
            Enfin, les personnages, aux traits de personnalité presque antithétiques sont quelque peu stéréotypés puisque le jeune lecteur découvre Pierre-Paul, le premier de la classe, Rémi, le cancre, et enfin Mathilde, une fille discrète qui vient temporiser les relations du groupe. Ils n’en sont pas moins attachants et drôles évoluant au sein d’un trio improbable. On assiste finalement à une véritable évolution des personnages et de leurs relations car chacun ressort grandi de cette aventure.

                Ainsi, le « polar » pour enfants peut tout aussi bien combler les petits comme les grands amateurs d’enquêtes policières : retour en enfance aux yeux des adultes et véritable leçon pour grandir pour les enfants, cette littérature semble décidément incontournable. 


                                                                                                                                          J.LG

mardi 24 avril 2012

Les marionnettes et spectacles pour enfants

Ainsi font, font, font,
Les petites marionnettes,
Ainsi font, font, font,
Trois p'tits tours et puis s'en vont !

Vous connaissait la suite??

Les mains aux côtés,
Sautez, sautez marionnettes !
Les mains aux côtés,
Marionnettes recommencez !
...

L'enfance qui est en nous est interpellée par cet art de la marionnette. Mais qu'en est-il de son histoire?


Un peu d'histoire...


En français le mot marionnette nous vient du Moyen-âge, et désignerait à l'origine une poupée figurant la vierge marie, d'ou le surnom de "Petite Marie". Certains auteurs prétendent que leur nom proviendrait plutôt d'un montreur italien prénommé "Marion" qui les aurait introduites en France. Dans les autres pays d'Europe, elles sont désignées comme "poupée qui joue". Ainsi en allemand puppe, en anglais puppet, en espagnol titare, et en italien puppazi.

Le muppet show: un univers théâtrale et enfantin


Les marionnettes du muppet show créaient par Jim Henson et sont d'abord apparues dans Sesame Street.

Sesame Street peut aider les enfants à commencer l'école mais, le plus important peut-être, il va montrer aux enfants le monde qui les entoure", a commenté l'ambassadeur Ryan Crocker.



   L'enfant découvre l'univers du théâtre très tôt à travers cette petite figurine que l'on fait bouger avec les mains. Qui étant petit n'a pas connu le muppet show, présenté par Kermitt la grenouille suivit de sa troupe? Ce show reprend les animaux les plus insolites et fait une sorte de réécriture de certaines histoires connues de la littérature de jeunesse, avec la présence d'une "guest" star humaine issue du monde du cinéma, du théâtre ou de la musique :








On peut noter la volonté de cette émission destinée aux enfants de vouloir garder certaine base littéraire enfantine et de se les réapproprier. Ainsi cela permet aux enfants de redécouvrir ou découvrir l'histoire sous une autre forme, plutôt théâtrale voir cinématographique, avec à la fois des marionnettes et des personnages vivants. Ce choix fait des marionnettes, un véritable être humain. Etant enfant, on oublie que ce sont des marionnettes. Aujourd’hui lorsqu'un adulte regarde cela il perçoit naturellement la différence mais continue à croire que les marionnettes sont humaines et pas de simples jouets, ce qui le fait retomber en enfance. 

Les célèbres histoires d’enfants sont souvent reprises avec des marionnettes car elles donnent plus de vie à une histoire mais aussi car elles reprennent fidèlement l’image enfantine que l’on se fait des personnages. Certains auteurs passionnés de théâtre, de marionnettes et de contes traditionnels ; tels que les contes de Perrault ou les contes de mon moulin d’Alphonse Daudet ; bien connu des enfants et des grands, s’amusent à redonner aux différents personnages comme le petit chaperon rouge ou le loup, un caractère particulier comme on peut le voir dans cette vidéo ; dans laquelle une artiste explique comment sont créées les histoires à partir des contes.




L’histoire de la chèvre de M. Seguin, célèbre histoire d’Alphonse Daudet, est reprise par le biais des marionnettes, ce qui permet de faire parler le personnage de la chèvre, qui est le personnage phare de l’histoire. En effet, elle est une sorte d’allégorie de la désobéissance qui la mènera à sa perte car elle finira dans la gueule du loup. La chèvre sert de référence aux enfants désobéissants et les parents pourraient s’identifier à M. Seguin.

Ci-dessous, nous avons une représentation théâtrale avec des marionnettes, de cette histoire avec la chèvre dans la scène finale, lorsqu’elle rencontre le loup dans la montagne.


Pour aller plus loin...


Convaincu de l'impact pédagogique des marionnettes sur l'enfant mais aussi sur les parents et les professionnels, les éditions Bailly ont mis en place depuis 2008, des marionnettes à mains après avoir repris l'activité de la société JCD.  Elles sont le fruit d'un travail de création et de fabrication de très grande qualité et surtout, elles se révèlent très faciles à utiliser puisqu'elles sont à cinq doigts comme un gant et maniables comme la main. Les modèles sont nombreux et originaux et ont été fondés dans les années 60.

Antoine Bailly, instituteur et directeur d’école créait la collection « Mes carnets » avec la collaboration d’une équipe de professeurs.
Il veut fabriquer des livrets pratiques regroupant l’ensemble des règles de bases et il les veut également peu chers.

Les carnets Bailly sont nés. 

Depuis le succès ne s’est pas démenti. Les carnets ont été mis à jour régulièrement, de nouveaux titres ont été publiés.
Le nombre d'ouvrages reste limité mais ils sont vendus dans les principales librairies (Gibert, Décitre, Fnac etc.) et par correspondance. 

Les manuels sont préconisés par de nombreux établissements du collège à l’enseignement supérieur, pour la préparation des concours, les remises à niveau.

Des élèves, des adultes ou des étudiants les utilisent pour revoir les règles essentielles.


Comme le dirait Georges Sand : les marionnettes n'amusent que les enfants et les gens d'esprit.



Les spectacles


Les spectacles pour enfants sont organisés dans un but lucratif mais aussi éducatif pour l’enfant. Ils leur permettent d’affronter leur peurs, comme l’illustre l’histoire du Baba-yaga, conte célèbre slave. Ici, repris dans un spectacle qui nous raconte de façon aussi drôle qu’émouvante, le voyage initiatique d’une petite fille russe, au bout duquel elle aura vaincu ses angoisses et forgé son identité.

Il permet à la fois à l’enfant mais également à l’adulte de s’échapper de la réalité, revivre ses peurs (passées pour l’adulte) et les affronter.

Ou bien encore, l’exemple de cette réécriture du célèbre conte du Petit-Chaperon Rouge (ci-dessous) devenu le Petit-Chaperon Uf, apprend aux enfants mais aussi aux adultes à dire « NON » à l’intolérance.

En effet c’est l’histoire d’un petit chaperon Uf qui traverse le bois et qui rencontre le loup (déguisé en caporal). Il apprend qu’appartenant aux « Uf » presque tout lui est interdit. Ce texte s'adresse à tous, car même si l'auteur s'est inspiré de la barbarie des camps pour l'écrire, il peut s'inscrire dans le quotidien d'une cour de récréation. Ainsi, cette pièce donne à réfléchir à chacun et enseigne qu'il faut parvenir à dire « NON » à ce qui est intolérable (les règles discriminatoires, les lois injustes qui entravent la liberté...).



Le fait que l’enfant s’identifie presque automatiquement au personnage principal d’une histoire permet de créer des situations nouvelles adaptées ou tout simplement reprendre une histoire construisant une véritable portée pédagogique. Ainsi toutes les peurs affrontées par les personnages fictionnels, leur joie, leur découverte, leur fautes qui finalement construisent leur caractère et leur identité, forment l’enfant qui ressort du spectacle avec une nouvelle vision du monde qui l’entoure mais également sur lui-même. 


A.M

mardi 17 avril 2012

Le conte: premier outils pour une construction de soi


L

a construction identitaire est une étape importante de l’enfance et il est indispensable que l’enfant soit acteur de cette construction, qu’elle s’effectue par lui-même.  Malheureusement de nos jours la télévision et la forte présence dans la vie quotidienne du multimédia tendent à l’amener à la passivité. Si un adulte est capable de s’en sortir, l’enfant en revanche est totalement noyé dans les images face aux écrans. Il reçoit les images sans possibilité de s’en mettre à distance, il en est le sujet.  Dans cet état des choses il est primordial de ne pas négliger une activité qui a toujours contribué à pousser ceux qui la pratique vers un enrichissement personnel et à agir de manière réfléchie : La lecture.

En effet,  la lecture, et en particulier dans le cadre de l’enfance la lecture de contes, est l’un des principaux facteurs favorable à un bon développement de la personnalité. L’activité de lecture confronte l’enfant à des mots avec lesquels il doit entrer en interaction pour pouvoir en comprendre le message, qu’il doit nécessairement décoder, et qui contrairement à celui de l’image ne s’imposera jamais à lui sans nécessiter un effort de compréhension. Face à un mot, que l’enfant doit décoder par l’acte de lecture, il y a réflexion, recherche de sens et de signification. S’il y a « interaction » et « acte » pendant la lecture, c’est bien qu’elle engendre des « acteurs ». Ainsi, face à un récit, l’enfant sollicite plus de concentration. L’ensemble des mots qui constituent le récit et qu’il doit lire ne lui permettent pas d’être passif. Le récit, contrairement aux images, demande à l’enfant d’être acteur, d’agir, d’interpréter. 

C’est en cela que la lecture des contes est pertinente au stade de l’enfance. Si les contes sont depuis toujours racontés et réservés aux enfants, si la tradition se perpétue sans discontinuer, c’est bien parce que la dimension didactique qu’ils contiennent est capitale pour la socialisation de l’enfant et que leur efficacité a fait ses preuves. Par la lecture du conte, l’enfant s’identifie aux personnages. S’identifier au travers d’un autre permet de se voir de manière objective et de mieux se comprendre. Ainsi par l’observation des actions effectuées par le héros qui aspire à la vertu et réprouve le mal, l’enfant qui s’identifie adopte les mêmes inspirations et s’invente, se construit par le biais du conte. Les personnages du conte sont dotés des qualités et des défauts que rassemble l’humanité.  Les personnages sont toujours tous différents, reflet de la diversité des caractères que l’on trouve dans la société. Face à cette diversité l’enfant développe un sentiment d’identité qui le pousse à se situer parmi ces caractères et donc à construire une image de soi qui lui permette de trouver sa place. Par l’acte de lecture, l’enfant s’adonne en même temps à un acte de création, d’invention de soi. En définitive, la lecture des contes est bénéfique et importante pour la réalisation de soi.



Illustration de La Belle au bois Dormant par Gustave Doré


Si les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, n’oublions pas que les adultes d’aujourd’hui étaient les enfants d’hier, et dans le fond, les adultes d’aujourd’hui sont toujours des enfants, mais qui ont achevé la plus grosse partie de leur construction identitaire. C’est pourquoi le conte, même à l’âge adulte restera toujours plus parlant que les autres types de récit. Ce qui séduit l’enfant dans le conte est universel et séduit tout autant les adultes. Par sa brièveté et sa simplicité, le conte est muni d’une clarté qui facilite l’adhésion au récit et permet au message qu’il délivre d’être plus aisément reçu.

Ainsi  nous retenons facilement les morales des contes de Perrault et nous gardons ancrées en nous les histoires du petit Chaperon Rouge, de Cendrillon ou du Petit Poucet. Il en va ainsi des contes de Perrault mais ceux de Grimm ou d’Andersen sont tout aussi importants, en effet Le Vilain Petit Canard, La Petite Fille aux allumettes, ou encore Blanche-Neige ont marqué les esprits.



La présence de ces contes est si importante dans l’inconscient collectif qu’ils sont réutilisés et exploités au quotidien de nos jours. Au-delà de la construction de l’enfant, la référence au conte est devenue un moyen de faire passer un message dans la société. Preuve que l’enfant se construit sur la base des contes : il est amené à se resservir de ce que lui ont appris ses lectures à l’âge adulte. C’est ce que l’on remarque notamment au travers de l’image publicitaire qui emploie fréquemment des références aux contes pour mettre en scène le produit à vendre. Ainsi le conte-récit dont l’enfant avait besoin pour se construire devient un conte-image construit par l’ancien enfant à l’âge adulte.



Illustration du Petit Poucet par Gustave Doré



Il est intéressant de noter l’évolution de l’enfant qui ne pouvait pas se mettre à distance des images et qui à l’âge adulte acquiert assez de recul pour pouvoir, à partir de la distance qu’il prend avec les contes qui l’ont construit, devenir créateur de ces même images. Le conte est donc bien l’un des principaux moyens dont l’on dispose pour aider l’enfant à se construire par lui-même en s’appuyant sur les déductions qu’il fait.

R.C