mardi 17 avril 2012

Le conte: premier outils pour une construction de soi


L

a construction identitaire est une étape importante de l’enfance et il est indispensable que l’enfant soit acteur de cette construction, qu’elle s’effectue par lui-même.  Malheureusement de nos jours la télévision et la forte présence dans la vie quotidienne du multimédia tendent à l’amener à la passivité. Si un adulte est capable de s’en sortir, l’enfant en revanche est totalement noyé dans les images face aux écrans. Il reçoit les images sans possibilité de s’en mettre à distance, il en est le sujet.  Dans cet état des choses il est primordial de ne pas négliger une activité qui a toujours contribué à pousser ceux qui la pratique vers un enrichissement personnel et à agir de manière réfléchie : La lecture.

En effet,  la lecture, et en particulier dans le cadre de l’enfance la lecture de contes, est l’un des principaux facteurs favorable à un bon développement de la personnalité. L’activité de lecture confronte l’enfant à des mots avec lesquels il doit entrer en interaction pour pouvoir en comprendre le message, qu’il doit nécessairement décoder, et qui contrairement à celui de l’image ne s’imposera jamais à lui sans nécessiter un effort de compréhension. Face à un mot, que l’enfant doit décoder par l’acte de lecture, il y a réflexion, recherche de sens et de signification. S’il y a « interaction » et « acte » pendant la lecture, c’est bien qu’elle engendre des « acteurs ». Ainsi, face à un récit, l’enfant sollicite plus de concentration. L’ensemble des mots qui constituent le récit et qu’il doit lire ne lui permettent pas d’être passif. Le récit, contrairement aux images, demande à l’enfant d’être acteur, d’agir, d’interpréter. 

C’est en cela que la lecture des contes est pertinente au stade de l’enfance. Si les contes sont depuis toujours racontés et réservés aux enfants, si la tradition se perpétue sans discontinuer, c’est bien parce que la dimension didactique qu’ils contiennent est capitale pour la socialisation de l’enfant et que leur efficacité a fait ses preuves. Par la lecture du conte, l’enfant s’identifie aux personnages. S’identifier au travers d’un autre permet de se voir de manière objective et de mieux se comprendre. Ainsi par l’observation des actions effectuées par le héros qui aspire à la vertu et réprouve le mal, l’enfant qui s’identifie adopte les mêmes inspirations et s’invente, se construit par le biais du conte. Les personnages du conte sont dotés des qualités et des défauts que rassemble l’humanité.  Les personnages sont toujours tous différents, reflet de la diversité des caractères que l’on trouve dans la société. Face à cette diversité l’enfant développe un sentiment d’identité qui le pousse à se situer parmi ces caractères et donc à construire une image de soi qui lui permette de trouver sa place. Par l’acte de lecture, l’enfant s’adonne en même temps à un acte de création, d’invention de soi. En définitive, la lecture des contes est bénéfique et importante pour la réalisation de soi.



Illustration de La Belle au bois Dormant par Gustave Doré


Si les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, n’oublions pas que les adultes d’aujourd’hui étaient les enfants d’hier, et dans le fond, les adultes d’aujourd’hui sont toujours des enfants, mais qui ont achevé la plus grosse partie de leur construction identitaire. C’est pourquoi le conte, même à l’âge adulte restera toujours plus parlant que les autres types de récit. Ce qui séduit l’enfant dans le conte est universel et séduit tout autant les adultes. Par sa brièveté et sa simplicité, le conte est muni d’une clarté qui facilite l’adhésion au récit et permet au message qu’il délivre d’être plus aisément reçu.

Ainsi  nous retenons facilement les morales des contes de Perrault et nous gardons ancrées en nous les histoires du petit Chaperon Rouge, de Cendrillon ou du Petit Poucet. Il en va ainsi des contes de Perrault mais ceux de Grimm ou d’Andersen sont tout aussi importants, en effet Le Vilain Petit Canard, La Petite Fille aux allumettes, ou encore Blanche-Neige ont marqué les esprits.



La présence de ces contes est si importante dans l’inconscient collectif qu’ils sont réutilisés et exploités au quotidien de nos jours. Au-delà de la construction de l’enfant, la référence au conte est devenue un moyen de faire passer un message dans la société. Preuve que l’enfant se construit sur la base des contes : il est amené à se resservir de ce que lui ont appris ses lectures à l’âge adulte. C’est ce que l’on remarque notamment au travers de l’image publicitaire qui emploie fréquemment des références aux contes pour mettre en scène le produit à vendre. Ainsi le conte-récit dont l’enfant avait besoin pour se construire devient un conte-image construit par l’ancien enfant à l’âge adulte.



Illustration du Petit Poucet par Gustave Doré



Il est intéressant de noter l’évolution de l’enfant qui ne pouvait pas se mettre à distance des images et qui à l’âge adulte acquiert assez de recul pour pouvoir, à partir de la distance qu’il prend avec les contes qui l’ont construit, devenir créateur de ces même images. Le conte est donc bien l’un des principaux moyens dont l’on dispose pour aider l’enfant à se construire par lui-même en s’appuyant sur les déductions qu’il fait.

R.C

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.