Le conte: premier outils pour une construction de soi
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a
construction identitaire est une étape importante de l’enfance et il est
indispensable que l’enfant soit acteur de cette construction, qu’elle
s’effectue par lui-même. Malheureusement
de nos jours la télévision et la forte présence dans la vie quotidienne du
multimédia tendent à l’amener à la passivité. Si un adulte est capable de s’en
sortir, l’enfant en revanche est totalement noyé dans les images face aux
écrans. Il reçoit les images sans possibilité de s’en mettre à distance, il en
est le sujet. Dans cet état des choses
il est primordial de ne pas négliger une activité qui a toujours contribué à pousser
ceux qui la pratique vers un enrichissement personnel et à agir de manière
réfléchie : La lecture.
En effet, la lecture, et en particulier dans le cadre de
l’enfance la lecture de contes, est l’un des principaux facteurs favorable à un
bon développement de la personnalité. L’activité de lecture confronte l’enfant
à des mots avec lesquels il doit entrer en interaction pour pouvoir en
comprendre le message, qu’il doit nécessairement décoder, et qui contrairement
à celui de l’image ne s’imposera jamais à lui sans nécessiter un effort de
compréhension. Face à un mot, que l’enfant doit décoder par l’acte de lecture,
il y a réflexion, recherche de sens et de signification. S’il y a
« interaction » et « acte » pendant la lecture, c’est bien
qu’elle engendre des « acteurs ». Ainsi, face à un récit, l’enfant
sollicite plus de concentration. L’ensemble des mots qui constituent le récit
et qu’il doit lire ne lui permettent pas d’être passif. Le récit, contrairement
aux images, demande à l’enfant d’être acteur, d’agir, d’interpréter.
C’est en
cela que la lecture des contes est pertinente au stade de l’enfance. Si les
contes sont depuis toujours racontés et réservés aux enfants, si la tradition
se perpétue sans discontinuer, c’est bien parce que la dimension didactique
qu’ils contiennent est capitale pour la socialisation de l’enfant et que leur
efficacité a fait ses preuves. Par la lecture du conte, l’enfant s’identifie
aux personnages. S’identifier au travers d’un autre permet de se voir de
manière objective et de mieux se comprendre. Ainsi par l’observation des
actions effectuées par le héros qui aspire à la vertu et réprouve le mal,
l’enfant qui s’identifie adopte les mêmes inspirations et s’invente, se
construit par le biais du conte. Les personnages du conte sont dotés des
qualités et des défauts que rassemble l’humanité. Les personnages sont toujours tous différents,
reflet de la diversité des caractères que l’on trouve dans la société. Face à
cette diversité l’enfant développe un sentiment d’identité qui le pousse à se
situer parmi ces caractères et donc à construire une image de soi qui lui
permette de trouver sa place. Par l’acte de lecture, l’enfant s’adonne en même
temps à un acte de création, d’invention de soi. En définitive, la lecture des
contes est bénéfique et importante pour la réalisation de soi.
Illustration de La Belle au bois Dormant par Gustave Doré
Ainsi nous retenons facilement les morales des
contes de Perrault et nous gardons ancrées en nous les histoires du petit
Chaperon Rouge, de Cendrillon ou du Petit Poucet. Il en va ainsi des contes de
Perrault mais ceux de Grimm ou d’Andersen sont tout aussi importants, en effet
Le Vilain Petit Canard, La Petite Fille aux allumettes, ou encore Blanche-Neige
ont marqué les esprits.
La présence
de ces contes est si importante dans l’inconscient collectif qu’ils sont
réutilisés et exploités au quotidien de nos jours. Au-delà de la construction
de l’enfant, la référence au conte est devenue un moyen de faire passer un
message dans la société. Preuve que l’enfant se construit sur la base des
contes : il est amené à se resservir de ce que lui ont appris ses lectures
à l’âge adulte. C’est ce que l’on remarque notamment au travers de l’image
publicitaire qui emploie fréquemment des références aux contes pour mettre en
scène le produit à vendre. Ainsi le conte-récit dont l’enfant avait besoin pour
se construire devient un conte-image construit par l’ancien enfant à l’âge
adulte.
Illustration du
Petit Poucet par Gustave Doré
Il est
intéressant de noter l’évolution de l’enfant qui ne pouvait pas se mettre à
distance des images et qui à l’âge adulte acquiert assez de recul pour pouvoir,
à partir de la distance qu’il prend avec les contes qui l’ont construit,
devenir créateur de ces même images. Le conte est donc bien l’un des principaux
moyens dont l’on dispose pour aider l’enfant à se construire par lui-même en
s’appuyant sur les déductions qu’il fait.
R.C
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